Les établissements de santé se trouvent aujourd’hui en première ligne face à la cybermenace. En France, un hôpital sur dix a été victime d’une cyberattaque en 2023, selon la Cour des comptes. Dans ce contexte, la cybersécurité n’est plus un simple élément technique mais un enjeu stratégique pour la santé publique, la protection des patients et la continuité des soins. Cet article vous propose de : dresser les grands enjeux, identifier les menaces principales, présenter les solutions stratégiques à mettre en œuvre, et finalement pointer les erreurs fréquentes à éviter pour les hôpitaux et cliniques en 2025.
Les grands enjeux de la cybersécurité dans le secteur hospitalier
Sensibilité des données de santé & valeur pour les cybercriminels
Les données de santé représentent une des cibles les plus valorisées : dossiers patients, traitements, diagnostics, informations personnelles. Le vol ou la compromission de ces données a des conséquences majeures en matière de confiance, de responsabilité et de réputation pour un établissement.
Vulnérabilité structurelle des hôpitaux
Les hôpitaux combinent souvent : systèmes d’information anciens ou hétérogènes, dispositifs médicaux connectés, accès multiples (personnel, prestataires, visiteurs). L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) relève une pression accrue sur les systèmes « critiques ». De plus, la Cour des comptes note un sous-investissement chronique dans le numérique des établissements de santé.
Impact opérationnel : continuité des soins, confiance des patients, coûts post-attaque
Une cyberattaque peut entraîner le blocage d’un service d’urgence, la perte de dossiers ou même l’interdiction d’accès à certains équipements critiques. Le coût financier et humain peut être très élevé.
Les principales menaces et vecteurs d’attaque en 2025
Rançongiciels (ransomware) ciblant les hôpitaux
Les rançongiciels restent le mode d’attaque majeur : blocage des serveurs, chiffrement de données, demande de rançon. La Cour des comptes indique que parmi les établissements de santé touchés, ce type d’attaque est récurrent.
Hameçonnage / ingénierie sociale / accès utilisateur compromis
Un des vecteurs les plus fréquents reste le phishing. Le personnel hospitalier est une cible : accès aux systèmes, e-mail professionnel, failles humaines.
Dispositifs médicaux IoT et surfaces d’attaque « non classiques »
Les équipements connectés (pompes à perfusion, monitoring, etc.) apportent de nouveaux vecteurs d’attaque. Une étude montre que de nombreux hôpitaux manquent de mesures de sécurité de base pour leur présence web et dispositifs connectés.
Attaques de type DDoS, espionnage industriel, vol de données de santé
Au-delà du chiffrement, certaines attaques visent la disruption (DDoS), l’espionnage ou la fuite massive de données de santé sensibles.
Solutions stratégiques à mettre en place
Gouvernance et culture de sécurité
Il est vital que les établissements placent la cybersécurité au cœur de la stratégie, avec un pilotage par la direction, politiques claires, sensibilisation du personnel. Le ministère de la Santé insiste sur la « cyberhygiène » pour tous les utilisateurs.
Architecture technique : segmentation réseau, « Zero Trust », mise à jour des systèmes
Segmentation des accès, accès stricts, mise à jour régulière des équipements, sauvegardes robustes. Cela limite l’impact d’une intrusion.
Maturité et conformité : alignement sur référentiels
Les établissements doivent s’aligner sur les référentiels comme ceux de l’ANSSI, la directive NIS2, programmes nationaux comme Programme CaRE en France.
Préparation & réponse à incident
Préparer un plan de continuité d’activité, tester les procédures, organiser des exercices internes, prévoir la communication de crise.
Collaboration & partage d’informations
Les établissements doivent partager les retours d’expériences, s’appuyer sur des CERT santé, coopérer avec les autorités. C’est un levier important de montée en maturité.
Erreurs fréquentes à éviter
Sous-investissement dans la cybersécurité
Minimiser le budget, considérer la cybersécurité comme accessoire, c’est prendre un risque majeur. La Cour des comptes souligne ce défaut.
Maintien de systèmes obsolètes / absence de patchs
Des équipements non mis à jour ou obsolètes constituent un appel d’air pour les pirates.
Minimiser l’importance de la formation interne
Le maillon humain est souvent le plus vulnérable : pas de sensibilisation, pas de culture de cyberhygiène, risque augmenté.
Ne pas avoir de plan de réaction ou de sauvegarde efficace
Sans plan, une attaque peut se transformer en crise majeure.
Isolation en silo : absence de communication, pas de partage
Travailler sans collaboration interne, sans retour d’expérience, ralentit la montée en maturité.
Focus France & Europe : contexte réglementaire et initiatives
France : guide, rôle de l’ANSSI, programme CaRE
Le gouvernement français a lancé le programme CaRE pour renforcer la sécurité des établissements de santé publics et privés jusqu’en 2027.
Europe : plan d’action européen pour la cybersécurité des hôpitaux, directive NIS2
Au niveau européen, la directive NIS2 impose aux secteurs critiques (dont santé) des exigences renforcées en cybersécurité.
Quelques chiffres clés récents
- En 2023, 10 % des victimes de cyberattaques en France étaient des établissements de santé.
- En 2024, l’ANSSI a traité 4 386 événements de sécurité, une hausse de +15 %.
La cybersécurité dans les hôpitaux n’est plus une option : c’est un impératif. Entre enjeux stratégiques, menaces en forte progression et vulnérabilités structurelles, chaque établissement doit agir maintenant. Pour les responsables : évaluez votre maturité, identifiez vos faiblesses, lancez un plan d’actions concret. Pour les praticiens et personnels : adoptez la cyberhygiène au quotidien. Si vous souhaitez un accompagnement plus approfondi, je vous invite à consulter nos autres articles et ressources sur hypodia.fr pour : audit, checklist, bonnes pratiques et retours d’expérience.

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FAQ
Pourquoi les hôpitaux sont-ils particulièrement ciblés ?
Parce qu’ils combinent données sensibles, contraintes opérationnelles fortes, systèmes interconnectés et souvent budgets limités.
Quelles sont les premières mesures à mettre en œuvre dans un hôpital ?
Faire un audit rapide des vulnérabilités, segmenter les réseaux critiques, mettre à jour les systèmes, lancer un programme de sensibilisation.
Quel budget consacrer à la cybersécurité ?
Il n’existe pas de montant magique. Il faut le définir en fonction de la taille, des risques, de la maturité. Mais le sous-investissement est déjà identifié comme cause majeure de vulnérabilité.
Comment mesurer la maturité en cybersécurité d’un établissement ?
En s’appuyant sur des référentiels (ex. ANSSI), en évaluant la gouvernance, la technique, la sensibilisation, la continuité, la réponse à incident.
Quels sont les signaux précurseurs d’une attaque imminente ?
Multiplication d’e-mails suspects, ralentissements inhabituels, accès non reconnus, boucles de sauvegarde non testées.
